Blablabla
Je ne suis pas jolie. Je
ne suis pas belle. Je suis passable. Et ça je le sais bien, j'en
suis parfaitement consciente. Cependant, je n'en fais pas une
histoire, j'ai même fini par l'accepter. Enfin presque. Par contre y
a un truc dont je n'arrive pas à me défaire, qui me colle à la
peau quoi que je fasse : Je suis sexy. C'est vrai, j'en suis
consciente et je pense qu'on me l'a assez répété. Je le fais un
peu exprès par moment mais 99% du temps absolument pas. C'est
totalement inconscient.
Alors certains diront,
« en quoi c'est un problème ? ». Et bien je vais
vous le dire moi il est où le problème parce que si vous croyez que
je rime avec simplicité vous êtes à côté de la plaque.
Bon, je vais vous
épargner l'histoire du vilain petit canard, la découverte de la
sexualité, le pouvoir d'attraction, tout ça c'est chiant ! On
va aller droit au but.
Être sexy c'est à la
fois dans le corps et dans la tête, enfin dans l'attitude
plutôt. Je suis sexy dans le corps parce que j'ai des "formes" et
que de temps en temps j'aime bien les montrer. C'est agréable
d'avoir des vêtements qui nous mette un minimum en valeurs, alors
pourquoi s'en priver ? Je suis sexy dans mon attitude, parce que
j'aime bien taquiner, j'aime bien « provoquer ». J'aime
les longs regards langoureux et les gestes explicites. (Attention sexy
n'est pas vulgaire, j'essaie toujours d'être un minimum classe.)
Là vous vous dites
sûrement, c'est cool. Oui, c'est chouette. Quand on aime attirer les
regards, se sentir désirer. Je ne vais pas mentir. C'est cool. Ce
qui l'est moins ? Tout ce que tout cela cache.
Premièrement, le regard
des autres.
Être sexy c'est
s'attirer des regards méprisants ou plein de jalousie.
D'incompréhensions comme peut en avoir ma mère à mon égard. Elle, qui n'hésite pas à utiliser le slutshaming à tour de bras pour me
dissuader de porter telle ou telle tenue. Non, maman si je me fais
violer ça ne sera pas de ma faute, non ma jupe n'a rien à voir
là-dedans, ni sa couleur, ni sa longueur. Et oui, maman
effectivement je n'aurais plus que mes yeux pour pleurer si cela
devait arriver.
La chose avec laquelle j'ai le plus
de mal ce sont les regards appréciateurs, trop appréciateurs. Et
quand ce n'est pas jugeant ce sont des regards lourds, plein d'envie,
insistants. Vous connaissez sûrement l'expression "être déshabillé
du regard" ? Et bien c'est exactement cela. Encore ceux-là je ne
m'en plains pas réellement ils ne font que se rincer l’œil et si
je peux leur apporter un peu de joie, je n'y vois pas vraiment
d'inconvénient ! Non, le plus dur à supporter c'est le
harcèlement de rue. Et les hypocrites qui te poursuivent en te
faisant croire qu'ils en ont après ta conversation.
Deuxièmement, le
physique avant le reste.
Comme je l'ai dit plus
haut, je ne me trouve pas jolie donc inutile de penser que je me la
pète ou quoi ou qu'est-ce et ce que j'évoque c'est ce que j'ai vécu,
c'est ce que je vis. Et comme je l'ai dit je ne suis pas toujours
comme ça, je m'habille plus souvent en jean basket qu'en jupe
crayon. Bref, tout ça pour dire que ce physique, cette attitude,
bien souvent ça ne m'apporte rien de positif.
Le problème étant que
la plupart du temps on ne me réduit qu'à un corps, une vision, un
toucher. Je ne suis ni visible, ni invisible et pourtant je laisse
les gens totalement indifférent et malheureusement les couches de
vêtements ne suffisent pas à masquer la vulnérabilité, la peur du
jugement.
On me désire, ouais
c'est bien, c'est cool. Je veux plus que ça. Je mérite mieux que
ça. Vous allez trouver ça risible, prétentieux, je ne le sais que
trop bien. Mais je m'en fiche. J'en ai marre d'être la fille avec
qui on veut faire des choses d'ordre sexuel, qu'on ne réduit qu'à
ça et avec qui on ne pense pas une seule seconde à se caser. Plus
le temps passe plus l'image que j'ai de moi se ternie. Plus j'ai
l’impression de n'être qu'une enveloppe corporelle, plus j'ai
envie de me renfermer. Plus on ne voit en moi qu'un bout de chair plus
j'ai l'impression de n'être que ça.
Je l'admets, je commence
à comprendre, peut-être que j'en joue intentionnellement. Peut-être
que j'attaque la première par peur d'être transparente. Cette
insécurité constante qui me pousse à faire des choix irraisonnés.
Je veux juste ne plus
être considéré comme la fille avec qui on s'amuse, je ne veux plus
être celle dont on profite, je ne veux plus être celle à qui on
fait des belles promesses. J'aimerais pour une fois qu'on me trouve
jolie plutôt que sexy et même si c'est un mensonge, je prends. En
vérité, je veux juste être moi et que ça soit suffisant. Et
peut-être que dans le fond ça m'arrange qu'on ne creuse pas plus
loin, qu'on ne gratte pas le vernis de peur que tout craquelle. Que
tout foute le camps.