vendredi 5 mai 2017

Blablabla

Blablabla


Je ne suis pas jolie. Je ne suis pas belle. Je suis passable. Et ça je le sais bien, j'en suis parfaitement consciente. Cependant, je n'en fais pas une histoire, j'ai même fini par l'accepter. Enfin presque. Par contre y a un truc dont je n'arrive pas à me défaire, qui me colle à la peau quoi que je fasse : Je suis sexy. C'est vrai, j'en suis consciente et je pense qu'on me l'a assez répété. Je le fais un peu exprès par moment mais 99% du temps absolument pas. C'est totalement inconscient.

Alors certains diront, « en quoi c'est un problème ? ». Et bien je vais vous le dire moi il est où le problème parce que si vous croyez que je rime avec simplicité vous êtes à côté de la plaque.

Bon, je vais vous épargner l'histoire du vilain petit canard, la découverte de la sexualité, le pouvoir d'attraction, tout ça c'est chiant ! On va aller droit au but.

Être sexy c'est à la fois dans le corps et dans la tête, enfin dans l'attitude plutôt. Je suis sexy dans le corps parce que j'ai des "formes" et que de temps en temps j'aime bien les montrer. C'est agréable d'avoir des vêtements qui nous mette un minimum en valeurs, alors pourquoi s'en priver ? Je suis sexy dans mon attitude, parce que j'aime bien taquiner, j'aime bien « provoquer ». J'aime les longs regards langoureux et les gestes explicites. (Attention sexy n'est pas vulgaire, j'essaie toujours d'être un minimum classe.)

Là vous vous dites sûrement, c'est cool. Oui, c'est chouette. Quand on aime attirer les regards, se sentir désirer. Je ne vais pas mentir. C'est cool. Ce qui l'est moins ? Tout ce que tout cela cache.

Premièrement, le regard des autres.

Être sexy c'est s'attirer des regards méprisants ou plein de jalousie. D'incompréhensions comme peut en avoir ma mère à mon égard. Elle, qui n'hésite pas à utiliser le slutshaming à tour de bras pour me dissuader de porter telle ou telle tenue. Non, maman si je me fais violer ça ne sera pas de ma faute, non ma jupe n'a rien à voir là-dedans, ni sa couleur, ni sa longueur. Et oui, maman effectivement je n'aurais plus que mes yeux pour pleurer si cela devait arriver.

La chose avec laquelle j'ai le plus de mal ce sont les regards appréciateurs, trop appréciateurs. Et quand ce n'est pas jugeant ce sont des regards lourds, plein d'envie, insistants. Vous connaissez sûrement l'expression "être déshabillé du regard" ? Et bien c'est exactement cela. Encore ceux-là je ne m'en plains pas réellement ils ne font que se rincer l’œil et si je peux leur apporter un peu de joie, je n'y vois pas vraiment d'inconvénient ! Non, le plus dur à supporter c'est le harcèlement de rue. Et les hypocrites qui te poursuivent en te faisant croire qu'ils en ont après ta conversation.

Deuxièmement, le physique avant le reste.

Comme je l'ai dit plus haut, je ne me trouve pas jolie donc inutile de penser que je me la pète ou quoi ou qu'est-ce et ce que j'évoque c'est ce que j'ai vécu, c'est ce que je vis. Et comme je l'ai dit je ne suis pas toujours comme ça, je m'habille plus souvent en jean basket qu'en jupe crayon. Bref, tout ça pour dire que ce physique, cette attitude, bien souvent ça ne m'apporte rien de positif.

Le problème étant que la plupart du temps on ne me réduit qu'à un corps, une vision, un toucher. Je ne suis ni visible, ni invisible et pourtant je laisse les gens totalement indifférent et malheureusement les couches de vêtements ne suffisent pas à masquer la vulnérabilité, la peur du jugement.

On me désire, ouais c'est bien, c'est cool. Je veux plus que ça. Je mérite mieux que ça. Vous allez trouver ça risible, prétentieux, je ne le sais que trop bien. Mais je m'en fiche. J'en ai marre d'être la fille avec qui on veut faire des choses d'ordre sexuel, qu'on ne réduit qu'à ça et avec qui on ne pense pas une seule seconde à se caser. Plus le temps passe plus l'image que j'ai de moi se ternie. Plus j'ai l’impression de n'être qu'une enveloppe corporelle, plus j'ai envie de me renfermer. Plus on ne voit en moi qu'un bout de chair plus j'ai l'impression de n'être que ça.

Je l'admets, je commence à comprendre, peut-être que j'en joue intentionnellement. Peut-être que j'attaque la première par peur d'être transparente. Cette insécurité constante qui me pousse à faire des choix irraisonnés.

Je veux juste ne plus être considéré comme la fille avec qui on s'amuse, je ne veux plus être celle dont on profite, je ne veux plus être celle à qui on fait des belles promesses. J'aimerais pour une fois qu'on me trouve jolie plutôt que sexy et même si c'est un mensonge, je prends. En vérité, je veux juste être moi et que ça soit suffisant. Et peut-être que dans le fond ça m'arrange qu'on ne creuse pas plus loin, qu'on ne gratte pas le vernis de peur que tout craquelle. Que tout foute le camps.


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